De retour! En réalité, à l’entame de cet article, j’étais dans l’avion et bien loin de me douter de ce qui m’attendait à mon arrivée. M’enfin, passons pour le moment. Je ne vous dis pas comme vous ne m’avez pas manqué. Pour ceux qui ne le savent pas, j’ai été pendant quelques semaines en Guinée (Conakry) après presque de 10 ans d’absence. Ce fut un voyage ô combien riche en émotions et en surprises. Et comme je ne résiste pas a l’envie de partager tout ceci avec vous, ce billet y sera entièrement consacré. Chouette n’est-ce pas? 🙂
Pour brosser un tableau rapide de la guinée, je dirai donc qu’elle est située en Afrique de l’ouest; il y a une population de 10 millions d’habitants; qu’il y pleut abondamment surtout durant le mois de juillet (manque de bol pour moi); qu’on y trouve toutes sortes de fruits et en quantité « industrielle »; qu’elle est passée sous la 3e République depuis l’accession au pouvoir d’Alpha Condé en 2010 (opposant apparenté socialiste pendant plus de 40 ans) et enfin que les 3/4 des femmes sont MAGNIFIQUES. Je vous assure que Mami Wata (déesse réputée pour sa beauté) est partout et de toutes les couleurs.
Durant mon séjour j’ai eu la chance de faire deux voyages express à l’intérieur du pays. J’ai notamment visité la ville du feu président Conte (1h de route de la capitale) ainsi que Kindia, ville située à 2h de Conakry. Tout au long du trajet, j’ai pu (ré) admirer la beauté de ce paysage et ne pouvait m’empêcher de déplorer la sous-exploitation touristique de cet environnement. Il y a un tel potentiel dans ce pays… Hélas pas assez mis en valeur pour le moment.
Guinée: terre de foot.
Je savais qu’en Afrique en général, nous aimions le sport notamment le foot; mais ce que j’ai vu était incroyable. A chaque coin de rue, je dis bien chaque coin de rue de la ville, des gamins tapent dans un ballon. J’ai vécu ça au Gabon par exemple ou jusque 23h, nous bloquions la route pour disputer des petits matches de 2/2, 3/3 etc. Mais en guinée, c’est toute la journée et partout. Comment expliquez dès lors que nous ne gagnons aucune compétition aussi bien chez les jeunes que les seniors? Pire, les infrastructures sont inexistantes ou complètement délabrées! Existe-t-il une politique dans les communes, les fédérations afin de détecter, former nos meilleurs talents? La question reste ouverte. Selon moi, c’est tout le système qui doit être remis à plat afin de mettre des personnes compétentes aux responsabilités. Voici pour les quelques points positifs qui me viennent à l’esprit. Seulement voilà, la Guinée c’est aussi d’autres facettes noires qu’il a été difficile pour moi de comprendre et d’accepter.
La corruption fléau numéro un.
Je pensais avoir vu le summum de la corruption dans d’autres pays mais je pense que rien ne pourra dépasser ce que j’ai vu et vécu lors de ce séjour. D’ailleurs, j’aimerai bien savoir quel est notre place dans ce tristement célèbre classement de pays les plus corrompus du monde… En effet, tout (ou presque) est monnayable dans ce pays. Aussi bien dans les administrations publiques que les entreprises privées, il règne un racket permanent du Citoyen. Aucun document ne peut être établi sans leur fameux « nem-nem » (pot-de-vin). Les policiers sont d’ailleurs le maillon le plus visible de cette chaîne. Ils créent des infractions, abusent de leur petite autorité pour pouvoir soutirer 10.000 ou 5.000 FG. Et je parle là de faits dont j’ai moi même été « victime » et ce dans une normalité des plus déconcertantes.
La famille: boulet ou bénédiction?
Il y a certaines réalités que l’on a beau connaitre ou deviner et qui restent toujours aussi surprenantes. Comme vous le savez sûrement, la famille africaine, guinéenne en particulier, est nombreuse. Et durant ce séjour, j’ai revu des cousin(e)s, des oncles/tantes que j’avais perdu de vue. Ainsi que mes grands-mères, qui, je vous l’assure, sont des êtres exceptionnels. Ce fut des moments de retrouvailles intenses que je chérirai pour toujours. Les prières et les bénédictions de chacun d’entre eux m’ont ému et réconforté. Néanmoins, à côté de cela, la charge financière que cela a représenté me laisse perplexe. Par jour, il fallait résoudre deux à trois équations. J’avais l’impression que tous les problèmes attendaient notre venue. Et d’un point de vue « financier », tout le monde veut ta peau! Littéralement. Tels des sangsues, ils y vont tant que tu ne décides pas de prendre du recul. C’est triste et difficile a dire mais c’est la réalité!
En guinée, le courant est branche sur alternatif.
J’avais déjà des souvenirs hilarant de mes précédents voyages au sujet de l’électrification de la guinée. Mais je dois dire que là, c’était assez spécial. Saviez-vous que lorsque le courant arrive dans les foyers vous le sentez à des kilomètres a la ronde? La terre tremble littéralement. Les enfants crient, applaudissent et sautent de joie. Si bien que cela ressemble à un tintamarre indescriptible! C’est comme si notre équipe de football ou basket-ball venait de gagner une médaille d’Or olympique tant la clameur est forte. C’est aussi ça le sous-développement… On est heureux d’avoir accès à la modernité l’espace de 10 heures avant de sombrer dans l’indigénat.
Avec Colas, la route avance a reculons!
Je n’ai pas honte de dire que mon pays est pauvre voire très pauvre. Contrairement à il y a dix ans, j’ai observé qu’il y avait de nouvelles routes bitumées un peu partout dont certaines parfaitement exécutées notamment entre Conakry et Dubreka par exemple. Cependant d’autres tronçons manquent d’entretien et de solidité. Il n’est pas rare de voir de nombreux trous béants au fil des kilomètres. La faute à des contrats passés par les Administrations précédentes avec des entreprises farfelues qui firent un travail bâclé et inconsistant. D’ailleurs, le système d’octroi des marchés publics a été entièrement corrigés avec un suivi rigoureux des appels d’offre. Espérons que le suivi des travaux le soit tout autant dorénavant.
L’Education: le cœur du problème.
Pour moi, la base de tous les maux de ce pays réside dans un seul mot: éducation. Il est malheureux de constater que plus de la majorité de la population est analphabète. Les cadres actuels, qui pour la plupart sont en place depuis des dizaines d’années, l’ont bien compris et profite ainsi de la bêtise des populations quotidiennement. Ils sont les moutons noirs de la république et il parait difficile de les renouveler pour plusieurs raisons: la fuite des cerveaux, le sacrifice (assassinat serait plus approprié) d’une génération d’intellectuels par les régimes successifs également. A cela, il faut ajouter le faible niveau des enseignants dans les classes qui se traduit par des résultats catastrophiques lors des examens. Tenez! Cette année le taux de réussite au bac s’élève à 25%(!!!) toutes options confondues! Il n’est pas rare de rencontrer un étudiant incapable de tenir une conversation basique en français ou encore un enseignant incapable de lire une épreuve d’examen d’entrée en 6e (histoire vraie). Malheureusement, cela reflète entièrement le niveau de notre société. Dès lors comment avoir un esprit critique envers ceux qui nous gouvernent? Comment cultiver le civisme et la morale au quotidien? Lorsque nous aurons réglé ce problème, et que nous aurons une population responsable, la moitié du chemin aura été parcourue.
J’ai conscience que cette réalité est partagée par plusieurs autres pays de la sous-région mais cela ne doit, en aucun cas, en faire une raison pour la laisser telle quelle. Bien au contraire. Et cela passe surtout par une stabilité politique durable et non des coups d’Etat ou la confiscation du pouvoir par une caste. Soit des spécialités dont l’Afrique de l’Ouest est devenue maître ces dernières années.
Pour terminer, il est aussi bon de rappeler que le pays sort de plus de 30 ans de gabegie. Le nouveau gouvernement m’a semblé volontariste et prend la mesure des problèmes à bras le corps. Plusieurs chantiers sont ouverts (justice, urbanisation, réindustrialisassions, éducation nationale, insalubrité, autosuffisance alimentaire etc). Avec une telle détermination, ils arriveront certainement à changer certaines choses. Du moins, je le souhaite. Je reste persuadé que le pays est sur le bon chemin; avec en ligne de mire le point d’achèvement de l’initiative PPTE (pays pauvre très endetté) et l’annulation de la quasi-totalité de la dette extérieure dans les mois qui arrivent, une nouvelle page est en cours et il est peut-être temps d’y participer activement. Le fait que tout soit à faire/construire doit être une aubaine pour tous ceux qui espèrent et souhaitent participer à l’avancement des choses. Et depuis, une question me taraude l’esprit: à quand le retour?
Ps: En début d’article, j’ai fait allusion a une mésaventure lors de mon retour. Il s’agissait du vol de plusieurs effets personnels dont mon pc portable, un mobile et d’autres choses. Evidemment quand tu voyages avec Royal Air Maroc, tu t’exposes a ce genre de péripétie. Ils auront pris ces quelques affaires mais je ne regrette pas ce voyage et je suis prêt à repartir dès demain tant j’ai vécu des moments magiques. Et ça, ils ne pourront pas me le voler 🙂
Très bel article!
« profitent de la bêtise des populations », tu y vas un peu fort, je pense que « ignorance » serait plus approprié dans ce cadre.Anw, beau récit de voyage! Et dis-toi que beaucoup se retrouveront dans ce récit, à commencé par moi qui suis made in Togo. C’est la même partout, mais c’est juste plus ou moins flagrant en fonction des pays.
super article. Je suis tout à fait d’accords avec toi quant au constat que tu dresses de notre si « beau pays » qu’est la guinée; c’est révoltant mais espérons que cette nouvelle république parvienne à redresser le navire « Guinée » !!
Dommage pour le Pc et tes affaires… Royal air maroc sur la liste noire (à eviter)
Sinon au sujet de l’article, triste realité que de remarquer qu’il nous reste du chemin (à l’Afrique). Mais on ne le dira jamais assez.
Je pense que, tant que la priorité de nos responsables ne seront pas d’ordre social, j’estime qu’ils ne nous servent à rie. Même a l’époque de nos ancetres il y avait l’arbre pour tenter de regler les problêmes du village.
Et depuis lors, même si le village a grandi, les problèmes et les besoins vitaux restent les mêmes (certes à des echelles differentes).
Bref du social et un peu de modernité. Car en ce 21 è Siècle, force est de constater qu’on(l’Afrique) suit le train du développement à pied. À croire qu’on n’est pas du tout pressé de se sortir de ce cercle vicieux.
À qui de droit l’egoisme, est un vilain défaut. Et même si tes proches « mange » , n’oublie pas que ceux qui n’ont à cette place et qui t’ont ne mangent pas.
À bon entendeur… Salut!!!
Que Dieu protège l’Afrique et ses enfants.
En espérant que celà change quelque chose.
waw soul trés beau article mais tu est partie la bas quand dans cette année?